Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     GRAIN     
FEW IV granum
GRAIN, subst. masc.
[AND : grain1 ]

A. -

Au propre

 

1.

"Grain, graine" : Biaus doulz sire, Je vous pri que vous veuilliés dire A Toute Belle, en qui commant Sui tous, qu'a li me recommant Autant de fois com ceulz qui sont, Qui ont esté et qui seront ; Feront de pas, diront paroles (...) ; Comme il est d'arbres, de buissons, Et de tous espis en moissons, De grains, de feves et de pois, Et de drames en tous les pois Qui seront, qui sont et qui furent ; Com tous les grains qui onques crurent : De grains de sel et de gravelle, De sablon, de pouldre et greelle ; Orge, avaine, soile et froment (MACH., Voir, 1364, 772).

 

2.

P. anal. Grain de sel : Biaus doulz sire, Je vous pri que vous veuilliés dire A Toute Belle, en qui commant Sui tous, qu'a li me recommant Autant de fois com ceulz qui sont, Qui ont esté et qui seront ; Feront de pas, diront paroles (...) ; Comme il est d'arbres, de buissons, Et de tous espis en moissons, De grains, de feves et de pois, Et de drames en tous les pois Qui seront, qui sont et qui furent ; Com tous les grains qui onques crurent : De grains de sel et de gravelle, De sablon, de pouldre et greelle ; Orge, avaine, soile et froment (MACH., Voir, 1364, 772).

B. -

Au sing. à valeur coll. "Blé"

 

-

Loc. fig. [P. oppos. à paille] : Et se je muir en vostre dous servise, M'ame en sera en dous paradis mise D'Amours sans faille. S'ai pris le grain et ay laissié la paille, Quant, sans retraire, à vous servir me baille, Qu'il ne me puet riens venir qui bien n'aille En toute guise. (MACH., Compl., 1340-1377, 260). Or te conforte et ne te doubte, Car se tu vues, tu yes garis, Et se ce non, tu yes honnis. Pren le grain et laisse la paille ; De tristece plus ne te chaille, Car cils qui bien voit et mal prent, C'est a bon droit, s'il s'en repent. (MACH., R. Fort., c.1341, 75). ...Et je m'i acort, car sans faille, Trop mieus vaut le grain que la paille. (MACH., D. Lyon, 1342, 217). Einsi est il de pluseurs dames Qui mettent les corps et les ames Et quanqu'elles ont en leurs amis, Et quant tant chascune y a mis Qu'il sont en vaillance parfait, Apparent par ouevre et par fait, Elles n'en ont autre salaire Fors un petit de gloire au faire. Il ont le grain ; elles ont la paille ; Car l'onneur ont, comment qu'il aille. Et s'aucune fois leur meschiet, Tout premiers seur les dames chiet. (MACH., J. R. Nav., 1349, 239). Mais or ne puis querir autre travail N'autre bataille, Ne je ne puis faire chose qui vaille, Car j'ay laissié le grain et pris la paille : C'estes vous, dame, ou il n'est riens qui faille, Si qu'einsi sail De haut en bas... (MACH., F. am., c.1361, 158). Pour esmay, Se je l'ay, Et maltray Je ne laisseray Bon grain pour le paille, Ains aray Cuer tres vray Et feray Ce que deveray, Et vaille que vaille. (MACH., Lays, 1377, 472).

 

-

Prov. : Nompourquant je di, c'est la somme, N'est richesse qui honneur vaille. Honneur est grains ; richesse est paille. Dont qui a honneur, il est riches, N'il ne doit or prisier deus chiches, Qu'il ne puet avoir nul deffaut, Qu'onneur demeure et avoir faut. (MACH., C. ami, 1357, 103).
 

Guillaume de Machaut Noël Musso


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